Vivre ensemble|Temps d’Archi #11 Utopies|Quelques centimètres
Vivre ensemble, à quelques centimètres les un.e.s des autres
À Mons, tout comme dans beaucoup d’autres zones urbaines, les habitats se densifient et les surfaces de logement par habitant diminuent. Le nombre de personnes partageant les différentes faces d’une même paroi augmente. Les espaces de partage et de friction entre voisin.e.s sont voués à se multiplier.
À partir de ces observations, le projet
Quelques centimètres propose de prêter attention aux personnes et aux surfaces qui nous entourent, et à repenser les rapports entre voisin.e.s. En se focalisant sur les parois qui délimitent nos espaces habités et leur manière d’influer sur les interactions ordinaires de voisinage, nous imaginons une série d’hypothèses simples et accessibles, absurdes et utopiques qui redessinent les conditions de cohabitation contemporaines.
Quelques centimètres est un projet composé de différents médiums, d’objets, de rencontres qui se superposent et se croisent en chemin.
Être et avoir un.e voisin.e
Afin de mieux cerner la nature des rapports entre voisin.e.s à Mons, nous menons l’enquête dans les alentours de la Grand-Place, ainsi qu’au Vieux-Marché du dimanche.
Micro en main, nous allons à la rencontre des passant.e.s pour récolter leurs témoignages. Chaque échange débute par la question suivante : “Remarquez-vous la présence de vos voisin.e.s et si oui, comment ?”. Une quarantaine de personnes nous ont confié leurs expériences contrastées de parois et d’espaces partagés. De l’organisation de la fête des voisin.e.s au déménagement pour cause de nuisances sonores, les anecdotes recueillies attestent autant d’un désir de rapprochement que d’un impératif de distanciation entre voisin.e.s.
Une ancienne juriste paranoïaque espionne ses voisin.e.s depuis sa fenêtre.
Un chat partage sa vie entre deux appartements.
Un voisin brûle ses déchets papier dans son barbecue et de la fumée s’en échappe.
Une femme âgée se plaint de l’absence de voisin.e.s et du silence dans les couloirs.
Une voisine donne des coups de balai au plafond.
Des personnes s’invitent au mariage de leurs voisin.e.s après avoir découvert la pile de faire-parts jetés par la fenêtre lors d’une dispute entre futurs mariés.
Des cris d’enfants traversent les murs.
Une voisine installe des bacs à fleurs dans les espaces communs de son immeuble et est forcée de les retirer.
Une belle-mère entre sans prévenir et dépose des crêpes dans la cuisine de sa belle-fille et voisine.
Parmi tous ces récits, un point commun : on est tous.tes la.e voisin.e de quelqu'un.e.`
Habiller les murs
À partir de la matière documentaire récoltée auprès des Montois.e.s, nous décidons d’adapter les conditions acoustiques de la Salle Laboratoire située dans la Maison des Collections. Chaque paroi de la pièce est recouverte d’une nouvelle couche composée de différents objets typiquement présents dans les ménages : couettes, paillassons, éponges, assiettes, rouleaux de papier toilette. Cette tentative d'isolation expérimentale, à partir de matériaux que chacun.e possède chez soi, renforce l'aspect domestique de la salle d’exposition déjà suggéré par la présence d’une cheminée en pierre et briques. Le jour du vernissage, nous terminons les travaux d’aménagement devant le public qui visite cet étrange showroom d’objets domestiques en surnombre et qui nous aide à les mettre en œuvre. L’installation prend la forme d’une maison témoin qui accueille aussi les étapes du processus du projet.
Un repas partagé pour célébrer le début de l’été
Le samedi 5 juillet 2025 à midi, les assiettes installées au mur de la Salle Laboratoire retrouvent leur fonction d’origine le temps d’un repas partagé dans le jardin du Poirier Beurré. Voisin.e.s ou visiteur.euse.s du CAP, tout le monde est bienvenu pour célébrer ensemble le début de l’été.